Le terrier

2 terrier

Je choisis un talus d’argile abrité d’un arbre.

Il sera la charpente vivante du terrier.

Le gardien/le père/le repère.

Je me terre sous l’arbre.

En creusant je suis la terre et les racines.

Comme le tailleur suit le fil.

Se terrer pour avoir le silence.

Si rare silence autour.

Si rare silence en soi.

Pour redonner du son à la terre, à sa chair.

Se faire vibrer tout entier.

Ici est trop petit pour danser.

Ici la danse est à l’intérieur de soi.

Ici tu peux chanter, chuchoter, t’écouter vibrer, respirer, hurler si ça te chante.

Sentir les infra-basses quand tu grognes l’animal que tu retrouves en toi.

Le terrier n’est pas qu’une sculpture.

Le terrier n’est pas qu’un habitacle.

Le terrier est une expérience.

On s’y introduit quand le corps veut bien s’y introduire.

Etre dans cette voûte de terre.

Cette boîte crânienne aux mille racines.

Ce trou noir cosmogonique troublant.

Dans le tout petit de mon moi et dans son infini.

 

Août 2005, pour le terrier de Nannay (galerie d’arts primitif). Le premier creusé à Nizon en 2002 fut une simple cabane, le second aux Ateliers du vent à Rennes était un cinéma underground en Super 8, et le dernier creusé au Domaine de Tizé en 2008 est un espace dédié au son où furent organisés des concerts pour 1 musicien et 1 spectateur (avec Jean-François Vrod et Fantazio)