Les terriers

Je choisis un talus d’argile abrité d’un arbre.

Il sera la charpente vivante du terrier.

Le gardien/le père/le repère.

Je me terre sous l’arbre.

En creusant je suis la terre et les racines.

Comme le tailleur suit le fil.

Se terrer pour avoir le silence.

Si rare silence autour.

Si rare silence en soi.

Pour redonner du son à la terre, à sa chair.

Se faire vibrer tout entier.

Ici est trop petit pour danser.

Ici la danse est à l’intérieur de soi.

Ici tu peux chanter, chuchoter, t’écouter vibrer, respirer, hurler si ça te chante.

Sentir les infra-basses quand tu grognes l’animal que tu retrouves en toi.

Le terrier n’est pas qu’une sculpture.

Le terrier n’est pas qu’un habitacle.

Le terrier est une expérience.

On s’y introduit quand le corps veut bien s’y introduire.

Etre dans cette voûte de terre.

Cette boîte crânienne aux mille racines.

Ce trou noir cosmogonique troublant.

Dans le tout petit de mon moi et dans son infini.

Août 2005, pour le terrier de Nannay

Actuellement, 4 terriers ont été creusés : le premier est une cabane à Nizon (Finistère), le second fut un cinéma underground à Rennes aux Ateliers du vent (ancien lieu aujourd’hui démolli), le troisième est une galerie d’art primitif à Nannay pour le festival « Les conviviales », le quatrième à Thorigné-Fouillard au Domaine de Tizé est un lieu dédié au son (actuellement en restauration)