Démarche artistique

Fanny Bouffort © crédit photo Estelle Chaigne

Fiction| Récit

Mon tra­vail démarre tou­jours par un coup de cœur pour un texte. J’aime les his­toires fortes et qui pro­posent un vrai espace à l’acteur. La plu­part du temps, il s’agit de récits courts. L’enfant est sou­vent au centre de ces fic­tions, il en est sou­vent le héros. Il porte en lui ce que l’on a tous : l’état d’enfance. Il m’offre la curio­si­té et la dis­tance suf­fi­sante pour inter­ro­ger le monde. Les textes que je choi­sis ne sont pas tou­jours écrits spé­ci­fi­que­ment pour le jeune public, ce qui m’intéresse c’est de trou­ver le che­min vers le jeune public. C’est un public qui me fait tra­vailler.

Tête chercheuse

Cha­cune des créa­tions que j’envisage porte une dimen­sion expé­ri­men­tale à la croi­sée de la fic­tion et de l’expérience, et qui s’adresse aus­si bien aux enfants qu’aux adultes.
Mon par­cours d’études théâ­trales m’a for­mée à la recherche, j’aime me docu­men­ter, rai­son­ner, écrire, démon­trer, j’aime far­fouiller dans les rayon­nages des biblio­thèques. Je m’appuie sur ces recherches « théo­riques » pour inven­ter la poé­sie des images. J’aime rendre sen­sible un concept, une ques­tion phi­lo­so­phique.

Travail sur la parole

Pen­dant plu­sieurs années, je me suis for­mée à la danse buto, cette pra­tique m’a construite en tant que comé­dienne. Je fais un véri­table paral­lèle entre mon rap­port à la parole et cette pra­tique qui me fait tra­vailler sur la notion de pré­sence, de réac­ti­vi­té et d’intensité, « prête à tout ».
Avec les mots, je tra­vaille spé­ci­fi­que­ment sur la notion de vitesse, la rela­tion au pré­sent. Pour moi, l’émotion par­vient au spec­ta­teur par le biais de la tech­nique, et non pas de l’affect de l’acteur. Au fur et à mesure du tra­vail, je construis une sorte de par­ti­tion libre avec les mots et les sons, je tiens à sty­li­ser le rap­port à la parole, qui me semble indis­pen­sable sur un pla­teau, pour créer une dis­tance, une écoute, une atten­tion, et même par­fois un effet spé­cial, qui inter­roge et tient le spec­ta­teur aux aguets, en atten­tion.

Installation d’objets : paysages miniatures

Ma rela­tion au théâtre d’objet est de l’ordre de l’installation de pay­sages minia­tures, pay­sages d’objets. Je ne donne pas vie aux objets, je ne les anime pas. Le vivant se situe chez l’acteur. L’acteur est mis en situa­tion dans ce décor minia­ture, vu d’en haut. En contraste avec les minia­tures, un effet « Gul­li­ver » se pro­file. Un corps trop grand tente de s’intégrer à ce tableau, le façonne et le bous­cule.
J’aime per­tur­ber les repères, que ce soit dans les rythmes du mon­tage, les effets magiques d’où les objets bougent seuls (mani­pu­la­tion à dis­tance avec fils) ou dans les rap­ports d’échelles étranges. On met ain­si les spec­ta­teurs en alerte vis-à-vis de ces erreurs, de ces inco­hé­rences. J’aime que le regard du spec­ta­teur soit actif.
Dans mon tra­vail, l’objet est dans un pre­mier temps consi­dé­ré avec ses pro­prié­tés figu­ra­tives et nar­ra­tives, puis évo­lue dans des ins­tal­la­tions plus abs­traites et gra­phiques (formes et aplats de cou­leurs). On passe sub­ti­le­ment d’une réa­li­té à une autre au cours du spec­tacle.