Fiction| Récit
Mon travail démarre toujours par un coup de cœur pour un texte. J’aime les histoires fortes et qui proposent un vrai espace à l’acteur. La plupart du temps, il s’agit de récits courts. L’enfant est souvent au centre de ces fictions, il en est souvent le héros. Il porte en lui ce que l’on a tous : l’état d’enfance. Il m’offre la curiosité et la distance suffisante pour interroger le monde. Les textes que je choisis ne sont pas toujours écrits spécifiquement pour le jeune public, ce qui m’intéresse c’est de trouver le chemin vers le jeune public. C’est un public qui me fait travailler.
Tête chercheuse
Chacune des créations que j’envisage porte une dimension expérimentale à la croisée de la fiction et de l’expérience, et qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes.
Mon parcours d’études théâtrales m’a formée à la recherche, j’aime me documenter, raisonner, écrire, démontrer, j’aime farfouiller dans les rayonnages des bibliothèques. Je m’appuie sur ces recherches « théoriques » pour inventer la poésie des images. J’aime rendre sensible un concept, une question philosophique.
Travail sur la parole
Pendant plusieurs années, je me suis formée à la danse buto, cette pratique m’a construite en tant que comédienne. Je fais un véritable parallèle entre mon rapport à la parole et cette pratique qui me fait travailler sur la notion de présence, de réactivité et d’intensité, « prête à tout ».
Avec les mots, je travaille spécifiquement sur la notion de vitesse, la relation au présent. Pour moi, l’émotion parvient au spectateur par le biais de la technique, et non pas de l’affect de l’acteur. Au fur et à mesure du travail, je construis une sorte de partition libre avec les mots et les sons, je tiens à styliser le rapport à la parole, qui me semble indispensable sur un plateau, pour créer une distance, une écoute, une attention, et même parfois un effet spécial, qui interroge et tient le spectateur aux aguets, en attention.
Installation d’objets : paysages miniatures
Ma relation au théâtre d’objet est de l’ordre de l’installation de paysages miniatures, paysages d’objets. Je ne donne pas vie aux objets, je ne les anime pas. Le vivant se situe chez l’acteur. L’acteur est mis en situation dans ce décor miniature, vu d’en haut. En contraste avec les miniatures, un effet « Gulliver » se profile. Un corps trop grand tente de s’intégrer à ce tableau, le façonne et le bouscule.
J’aime perturber les repères, que ce soit dans les rythmes du montage, les effets magiques d’où les objets bougent seuls (manipulation à distance avec fils) ou dans les rapports d’échelles étranges. On met ainsi les spectateurs en alerte vis-à-vis de ces erreurs, de ces incohérences. J’aime que le regard du spectateur soit actif.
Dans mon travail, l’objet est dans un premier temps considéré avec ses propriétés figuratives et narratives, puis évolue dans des installations plus abstraites et graphiques (formes et aplats de couleurs). On passe subtilement d’une réalité à une autre au cours du spectacle.