Le terrier

Je choi­sis un talus d’ar­gile abri­té d’un arbre.
Il sera la char­pente vivante du ter­rier.
Le gardien/le père/le repère.
Je me terre sous l’arbre.
En creu­sant je suis la terre et les racines.
Comme le tailleur suit le fil.
Se ter­rer pour avoir le silence.
Si rare silence autour.
Si rare silence en soi.
Pour redon­ner du son à la terre, à sa chair.
Se faire vibrer tout entier.
Ici est trop petit pour dan­ser.
Ici la danse est à l’in­té­rieur de soi.
Ici tu peux chan­ter, chu­cho­ter, t’é­cou­ter vibrer, res­pi­rer, hur­ler si ça te chante.
Sen­tir les infra-basses quand tu grognes l’a­ni­mal que tu retrouves en toi.
Le ter­rier n’est pas qu’une sculp­ture.
Le ter­rier n’est pas qu’un habi­tacle.
Le ter­rier est une expé­rience.
On s’y intro­duit quand le corps veut bien s’y intro­duire.
Etre dans cette voûte de terre.
Cette boîte crâ­nienne aux mille racines.
Ce trou noir cos­mo­go­nique trou­blant.
Dans le tout petit de mon moi et dans son infi­ni.

 

Le pre­mier ter­rier a été creu­sé à la Fête des cabanes à Nizon (29) en 2002, un second à Rennes aux Ate­liers du Vent en 2003 (ter­rier aujourd’­hui rem­pla­cé par un immeuble), le troi­sième à Nan­nay (Nièvre) pour le fes­ti­val Les Convi­viales en 2005 et le der­nier à Tho­ri­gné-Fouillard (35) au Domaine de Tizé lors d’une rési­dence avec Au Bout du Plon­geoir en 2008.