Crédit photo : Hélène Martin/Carole Papin

icilà

 

Les enfants et les adultes s’installent dans un espace vide où seul un homme les attend, mains vides et sans décor. Il entre en dialogue avec ses invités en improvisant, répondant, reprenant les sons et les triturant. Il s’agit d’une improvisation généreuse et inventive qui ouvre nos oreilles et nous relie les uns aux autres.

 

Improvisation vocale et sonore pour la toute petite enfance

De et avec Benoît Sicat

Regards extérieurs de Laurent Dupont et Isabelle Duthoit

Créé en 2016 au festival L’art et les tout-petits au Théâtre La Montagne Magique à Bruxelles.

 

Production : 16 rue de plaisance

Avec le soutien de la Région Bretagne, La Ville de Rennes, Le Département 35, La Montagne Magique-Bruxelles, File en Trope-Mirepoix et compagnie ACTA-Villiers-le-Bel.

 

iCiLà dates passées

 

2017

 

Du 13 au 18 novembre, MA Scène Nationale de Montbéliard (25)

Le 18 octobre, à Saint-Laurent Blangy (62)

Le 7 juin, en Bibliothèques à Toulouse (31)

Du 20 au 28 avril, au TJP Centre Dramatique National de Strasbourg (67)

Du 21 au 23 mars, en crèches avec La Méridienne à Lunéville (54)

Les 15 et 16 mars au FRATZ Festival à Berlin (Allemagne)

Les 12 et 13 mars au Festival STARKE STUCKE à Francfort (Allemagne)

Les 17 et 18 février, au Temple à Bruay-le-Buissière (62)

 

2016

 

Création les 14 et 15 mai au Festival L’art et les tout-petits, La Montagne Magique à Bruxelles

 

Note d'intention

Les enfants savent entendre

 

Les très jeunes enfants entendent tous les sons (quart de ton, harmoniques, ultra sons…), ils ne hiérarchisent pas, chaque son est une matière prise pour elle-même et résonne dans le corps tout entier. Ce que nous pouvons réapprendre, notamment en allant voir et écouter au-delà de notre culture encore très autocentrée et à la musique bien tempérée, dite encore « musique savante » en certains lieux, comme si les musiques de traditions ne possédaient aucun savoir. Ils ne se cassent jamais la voix alors qu’ils peuvent émettre des sons qui nous sont presque insupportables, ils ne peuvent pas se casser la voix car chaque son en vaut un autre, ils ne censurent pas, ne se bloquent pas (le diaphragme, les bandes ventriculaires, les cordes vocales, la colonne d’air…), ils découvrent et inventent les possibles de la voix.

Ce n’est qu’après l’apprentissage de la langue (française notamment) et de ses règles phonétiques que l’oreille se formate et sépare le « beau » du « laid », elle censure peu à peu et finit par oublier sa propre histoire (c’est-à-dire qu’elle ignore les traditions orales multiples dont la langue est issue). Soit dit en passant, le beau est bien souvent associé à notre culture (catholique), et le laid ou le « faux » est adressé à ceux qui ne chantent pas comme nous (les arabo-andalous, les corses, les sardes, les tibétains, les inuits, les bretons…). En uniformisant la langue, nos ancêtres ont permis que chacun et chacune se comprennent, mais en retour nous avons oublié bon nombre d’accents, de diphtongues, d’arrangements patoisants : autant de pistes où l‘oralité réinvente comment faire sonner une langue et un chant (Les géorgiens prononcent par exemple des voyelles pour harmoniser leurs chants en polyphonie, alors que ces voyelles n’existent pas dans leur langue parlée).

Pour les tout petits, seule l’intention et la justesse de l’énergie compte : si nous sommes ici et bien ici, alors tout peut arriver. On ne triche pas avec eux, on ne leur raconte pas d’histoires. L’instant présent compte plus que tout autre chose. Mais rien ne nous empêche de tenter de les emmener ailleurs, un peu plus loin… Là !

Icilà est un titre emprunté à une expression créole merveilleusement divulguée par le poète Edouard Glissant, que nous pourrions résumer par : « Agis dans ton lieu, pense avec le monde ».

Extrait de La Cohée du Lamentin (Edouard Glissant)

 

“ Deux mots ou deux expressions de la langue créole nous éclairent alors. La langue dit Ici-là, sans doute pour élargir en infini d’espace les forces de l’ici. Elle insiste très souvent, Ici-là minm, Ici-là même, nulle part ailleurs qu’ici qui est pourtant là-bas ou là-haut (d’où le langage créole tirera là-minm, tout de suite, sur-le-champ), comme pour effacer décidément l’opposition entre l’ici et son entour proche ou lointain. On peut écrire Icilà ou Icila ou Isila. De même, la poétique créole renforce en volume ou en mystère la présence de l’ici, quand cette poétique forge Ici-dans, ou Icidan, qui fait parler la profondeur dans le présent. Les deux expressions, mécanismes de langage, sont des contradictions qui ne réduisent pas leur objet, mais l’étendent.”

Les dates